Saint Luc est le seul dans le NT à parler de 40 jours entre Pâques et l’Ascension et de dix jours entre l’Ascension et Pentecôte. Les autres auteurs du NT donnent à penser à une chronologie où les trois évènements sont pratiquement contemporains. 

Au début, dans sa liturgie, l’Eglise a commencé par célébrer uniquement le dimanche, comme étant le Jour de la résurrection, puis elle en est venu à célébrer une Pâque annuelle. Ensuite à célébrer Pâques pendant 50 jours et, la fête de la Pentecôte, comme la clôture de la Pâques. Ensuite la fête de Pentecôte est devenue dans l’Eglise romaine, la commémoration du don de l’Esprit alors qu’en Orient, elle était davantage la célébration de la révélation du Mystère de la Trinité par l’envoi de l’Esprit de Dieu. Puis, la fête de l’Ascension a été ajoutée.  Demain, nous allons célébrer l’Ascension et, dans dix jours, la Pentecôte. Il y a un danger : celui de se représenter ces évènements comme des anniversaires, sans aucun lien entre eux : d’abord Jésus ressuscite, puis il monte au ciel, puis il envoie l’Esprit-Saint comme son remplaçant ! Ce n’est pas cela, Jésus ne nous a pas quittés parce qu’il est retourné auprès du Père et l’Esprit-Saint n’est pas le remplaçant de Jésus !

« En montant aux cieux, le Christ ne nous a pas abandonnés. Il a dit de lui-même : "Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20). Il est vraiment "Emmanuel", "Dieu avec nous", selon le nom qui lui est donné avant sa naissance (Mt 1,23). L'Ascension est, non pas un départ, mais une présence plus profonde. Cela se comprend. Dieu est plus proche de nous que nous-mêmes. Il est plus présent à nous aujourd’hui qu’il ne l’était pour les Apôtres et pour Marie lorsqu’il vivait en Galilée. Il est la source de notre existence et de notre être. Son désir est de faire en nous sa demeure. Dire de Jésus qu'après l’Ascension, il est dans la gloire de Dieu, c'est dire qu'il est continuellement, profondément et réellement avec nous et en nous.

Le ciel où est entré le Christ n'est pas seulement pour plus tard. Il est pour maintenant. Nous pouvons vivre avec le Christ et de lui maintenant, grâce à l'Esprit Saint qu'il promet à ses disciples avant de les quitter. Sans déserter notre monde, nous pouvons être chez Dieu avec le Christ. 

Le ciel ne commence pas quand nous quittons la terre. Il commence quand nous vivons avec le Christ sur la terre. Croire à l'Ascension, c'est vivre les espoirs et les déceptions, le bonheur et la souffrance, le travail et le repos, la chasteté, la vie personnelle et la vie communautaire, avec le Christ qui nous unit au Père dans le Saint-Esprit. Vivre au ciel, c'est prier avec le Christ, être uni à lui par les sacrements en particulier l'Eucharistie, nous accueillir les uns les autres en lui, nous rendre service, nous réconcilier et faire un monde nouveau avec lui. »

P. Jean-Luc