Témoignage du f. Théophile

Témoignage du Frère Théophile
Ce jour du 18 Octobre 2016 est pour moi un jour de joie et d’action de grâce au Seigneur Jésus, mais aussi de reconnaissance à la communauté et à chaque frère en particulier.
À l’occasion de mes quinze années de profession monastique, je voudrais avec vous faire mémoire et exprimer toute ma reconnaissance au Christ Jésus qui depuis toujours m’aide et me soutient. Merci infiniment à toutes les personnes qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre à faire germer le grain d’amour semé par le Christ Lui-même en moi.
Lorsque je fais une relecture de mon parcours, je suis profondément émerveillé par les bienfaits du Seigneur à mon égard. Je profite de cette opportunité pour partager avec vous deux aspects fondamentaux de la vie monastique bénédictine : le charisme de la prière et celui de l’hospitalité.
D’abord : L’Opus Dei comme charisme du moine
Il y a dans l’Église plusieurs formes de vie consacrée et chaque fondateur a été inspiré et marqué par un aspect particulier du Visage du Christ. Que dire alors du charisme des moines ?
Dans le monachisme bénédictin, on ne parle pas du charisme comme on en parler de nos jours dans les autres congrégations de vie active ou apostolique, tels que les franciscains, les dominicains et les nouveaux ordres religieux.
À propos du mouvement monastique, il faut souligner qu’il est très proche du christianisme naissant. Dès le début de la vie de l’Eglise, des communautés chrétiennes se formaient auprès des des ascètes ou des Vierges. Ce mouvement de vie baptismale a été un foyer de vie pour les premières communautés chrétiennes, à l’image de la communauté primitive de Jérusalem. Benoît notre fondateur (480-547) a été marqué à sa façon par ce courant spirituel dans l’Italie de son époque, mais plus largement en recueillant l’expérience des communautés monastiques d’Orient. Dans l’histoire de l’Église et du monde, nous pouvons souligner le rôle très important des moines. Ils ont véhiculé la fraternité, le développement et la culture évangélique. Ce sont les moines qui ont développé l’agriculture et se sont investis dans bien d’autres domaines pour améliorer la vie de leurs contemporains. C’est par exemple le témoignage de ses disciples qui a valu à saint Benoît le titre de patron de l’Europe.
Le charisme des moines bénédictins ne peut pas être perçu du premier regard comme c’est parfois le cas dans certaines communautés de vie religieuse. Notre vie ne se définit pas par ce que nous faisons mais plutôt par ce que nous sommes : chrétiens, c'est-à-dire disciples du Christ. Le monachisme bénédictin est une école qui n’a pas de terme, toute la vie, le moine bénédictin est à l’école de l’apprentissage du service du Seigneur et de l’humanité. Dans notre vie communautaire, plusieurs compétences se côtoient, des frères peuvent enseigner, soigner, travailler au jardin, travailler à la cuisine, etc. Aucun ne se définit par ce qu’il fait, avant
Le charisme des moines peut être encore mieux compris sous l’angle de la prière, non pas dans le sens que les moines prient plus que les autres chrétiens, mais dans le sens qu’ils ont fait de la prière leur activité principale : l’Opus Dei (l’œuvre de DIEU). Ils se réunissent plusieurs fois par jour car l’Office est le lieu principal (avec la lectio divina) de la rencontre avec le Christ : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux »[1]. Les outils de cette vie de prière sont : les Psaumes (le livre de la prière de l’Église), la lecture priante de la Parole de Dieu, l’intercession pour le monde et la prière personnelle. Toute la journée du moine alterne entre la louange commune (c'est-à-dire la prière de l’Office avec les psaumes chantés à des heures régulières, avec l’intercession pour le monde), la lecture de la Parole de Dieu (la lectio divina), le travail et les rencontres communautaires. En se réunissant plusieurs fois par jour pour l’office, les moines agissent au nom du peuple de Dieu tout entier. Comme le dit Benoît dans sa Règle : « Il faut absolument que, chaque semaine, les frères chantent les 150 psaumes en entier. Si, pendant la semaine les frères ne chantent les 150 psaumes avec les cantiques habituels, ils montrent vraiment trop de paresse dans le service qu’ils ont promis. »[2] Benoît insiste sur ce point parce que les anciens moines le disaient en un seul jour[3].
Le moine ne veille pas pour lui seul mais pour tous ses frères en humanité, et sa prière d'intercession crée entre lui et les hommes une véritable solidarité. Telle était la conception d’Evagre le Pontique lorsqu’il écrivait : « Le Moine est séparé de tous et uni à tous ».
Après l’Opus Dei me semble être le charisme des moines. Venons-en à l’accueil, c'est-à-dire à l’hospitalité bénédictine, comme expression de l’amour préférentiel pour le Christ, où est rendu possible à tous ceux qui viennent au monastère de partager la prière des moines.
L’accueil dans la spiritualité bénédictine
C’est depuis 2003 que la communauté m’a demandé d’assurer le service de l’accueil à l’hôtellerie. Cela me permet de faire l’expérience de cette réalité de notre vie de moine bénédictin. Il convient de rappeler que Saint Benoit dans sa Règle a mis un accent particulier sur l’accueil des hôtes qui sans cesse, vont et viennent au monastère : «. Le regard tourné vers le Christ qui est présent en l'hôte ».voilà le cœur du chapitre53[4] : « Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ. En effet, Lui-même dira : “J’étais un hôte et vous m’avez reçu” (Mt 25, 36). »[5]
Le rayonnement du monastère est assuré par l’hôtellerie qui accueille prêtres, religieux, religieuses, jeunes et adultes, chrétiens et non chrétiens, pour des retraites individuelles et des récollections. Le monastère est une école du service du Seigneur, un lieu de prière, de méditation, de recueillement, de ressourcement et de paix. Des hommes et des femmes y viennent souvent pour prier et refaire leur santé spirituelle et morale.
De façon générale les moines ne sortent pas pour faire de l’apostolat, le monastère demeure leur lieu d’apostolat et de pastorale (c'est-à-dire de leur participation à la charité du Christ), et ils y restent pour accueillir et accompagner tous ceux qui viennent vers eux.
En lien avec le diocèse, depuis quelques années la communauté organise des sessions de formations pour les laïcs. Récemment, nous avons initié l’oblature chez nous pour accompagner des chrétiens qui sont dans le monde et qui veulent vivre de la spiritualité bénédictine dans leur état de vie, comme leur moyen de croissance à la suite du Christ.
Nous n’oublions pas les temps forts de la Semaine sainte que nous vivons avec nos sœurs de la Bonne Nouvelle. Pour moi, toutes ces occasions m’aident à continuer ma vie à la suite du Christ, Lui, Mon Seul Vrai Trésor.
Frère Théophile MATIA
Monastère sainte Marie de BOUAKE
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