Méditation sur l’Esprit-Saint (Jean 16)




Méditation sur l’Esprit-Saint (Jean 16)
La Trinité au Baptème de Jésus. Sculpture italienne sur bois du XIVe siècle.

 

Méditation de Jean 16

sur l’Esprit-Saint

 

 

Jn 16, 5-8

5Je m’en vais maintenant auprès de Celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : ‘Où vas-tu ?’ 6 Mais, parce que je vous dis cela, la tristesse remplit votre cœur. 7 Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai.

 

Le départ de Jésus entraîne la tristesse des disciples ; face à ce départ, ils ne posent aucune question, ils sont dans le mutisme. Ils souffrent trop pour pouvoir encore parler, ils sont déjà coupés de Jésus ; ils n’arrivent plus à entrer en relation avec Lui. La présence charnelle, visible, physique de Jésus leur manque.

Tout le travail de Jésus va consister ici à faire passer ses disciples de l’affectivité à la foi. Saint Augustin a écrit au sujet de ces versets en faisant parler Jésus : « Verbe fait chair, j’habite en vous, mais je ne veux pas que vous m’aimiez charnellement et que, satisfaits de ce lait, vous désiriez toujours être des enfants » (Ctaire de Jean, 94,4).

Pour Jésus, celui qui veut le connaître vraiment doit dépasser la connaissance simplement humaine de Jésus ; seul le regard qu’apporte l’Esprit de Dieu permet ce déplacement.

 

Face à la souffrance qui traverse nos vies, il nous arrive parfois d’être triste et de percevoir la présence sensible, humaine, de Jésus comme lointaine, distante. Or, c’est dans ces moments difficiles, que Jésus nous envoie un Défenseur, un Avocat, l’Esprit Saint : il nous défend contre quoi ? contre la tristesse qui accable, contre une solitude qui peut parfois être effroyable et il nous fait aussi percevoir la présence cachée et véritable du Ressuscité, celle que les yeux de la chair ne peuvent pas percevoir, mais que les yeux de la foi permettent de voir.

 

 

Jn 16, 8-15

8 Quand il viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, de justice et de jugement. 9 En matière de péché, puisqu’on ne croit pas en moi. 10 En matière de justice, puisque je m’en vais auprès du Père, et que vous ne me verrez plus. 11 En matière de jugement, puisque déjà le prince de ce monde est jugé.

12J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. 13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui‑même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. 14 Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. 15 Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

 

Le monde apparaît ici comme mis en procès, or ce procès est déjà gagné : « le prince de ce monde est condamné » dit Jésus. Ce procès apparaît comme une réhabilitation en matière de péché, de justice et de jugement.

En matière de péché, car le monde ne croit pas en Jésus. Le péché fondamental consiste donc à ne pas croire en Jésus. Nous savons bien par expérience que, dans nos vies, le péché est souvent lié au fait que nous nous éloignons de Jésus et que nous ne lui faisons plus confiance.

En matière de justice, car Jésus a gagné le procès lorsque le Père l’a ressuscité. Grâce à l’Esprit, le regard de foi nous permet d’atteindre le Mystère : l’invisibilité de Jésus et sa glorification.

En matière de jugement, car le monde a vu Jésus condamné et tué, mais Dieu a renversé le jugement des hommes. À l’écoute de l’Esprit, les hommes ne peuvent plus douter de Jésus et de leur mission.

 

L’action de l’Esprit est qualifiée par trois verbes :

1) Il vous guidera vers la vérité tout entière.

L’Esprit révèle au cœur du croyant la Vérité tout entière sur Jésus, la plénitude de sa Vérité.

2) Il exprimera ce qu’il aura entendu.

De même que Jésus entendait les Paroles du Père et parlait, de  même l’Esprit entend de Jésus et parle (c’est-à-dire révèle). Jésus ne parle plus, mais son « parler » continue par l’œuvre de l’Esprit. Si le « parler » de l’Esprit ne touche pas les oreilles comme le « parler » de Jésus, il touche les cœurs.

3) Il communiquera ce qui est au Fils.

Le verbe utilisé « ana-gallein », annoncer à nouveau redire, montre que l’Esprit n’est pas l’auteur de ce qu’il dit, il est l’expression de Jésus. La vérité sur l’avenir du monde est en Jésus glorifié, voilà pourquoi Jésus dit de l’Esprit « qu’Il nous communiquera ce qui doit venir », c’est-à-dire qu’il nous apprendra à regarder le monde, la vie, nos vies comme celles de nos communautés ou de nos familles ou de notre pays à la lumière du Christ glorifié.

 

 

Jn 16, 16-23a

16Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; encore un peu de temps, et vous me reverrez. »

17Alors, certains de ses disciples se dirent entre eux : « Que veut‑il nous dire par là : ‘Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; encore un peu de temps, et vous me reverrez’. Et puis : ‘Je m’en vais auprès du Père’ ? »

18Ils disaient donc : « Que veut dire : un peu de temps ? Nous ne savons pas de quoi il parle. »

19Jésus comprit qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit :

« Vous discutez entre vous parce que j’ai dit : ‘Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; encore un peu de temps, et vous me reverrez’. 20 Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. 21 La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. 22 Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. 23 En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions.

 

Après avoir parlé sur le Paraclet, Jésus fait une annonce qui le concerne personnellement dans sa relation aux disciples après Pâques. Jésus annonce deux périodes : celle d’un non-voir et celle d’un voir.

Il explique cet aveuglement, puis ce retour à la vue par deux exemples : la joie fait suite aux pleurs (v. 20) ; après avoir souffert lors de son accouchement, la femme est heureuse lors de la naissance de l’enfant (v. 21) et il termine en disant : « votre tristesse se changera en joie » (v. 22).

Jésus explique ce qu’il vient de dire sur l’aveuglement des disciples puis sur leur illumination, par l’image de la joie qui dévore la tristesse.

Dans l’Évangile de Jean, lorsque les disciples voient Jésus, il en ressort une joie : « Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur » (Jn 20, 20).

Dans le passage que nous méditons aujourd’hui, Jésus précise que cette joie des disciples, nul ne pourra la leur enlevé, le souvenir de la tristesse se sera estompé comme celui des douleurs de l’enfantement pour la femme qui tient son enfant dans ses bras.

Au verset 16, Jésus dit « Vous me verrez » ; au verset 22, il dit : « Je vous verrai ». La venue du Seigneur est dans le regard de Jésus porté sur les disciples. Il y a une réciprocité dans le regard et le regard de Jésus posé sur les disciples, soulève leur joie.

Au verset 23, il déclare « En ce jour-là ; vous ne m’interrogerez plus sur rien »… Jésus se réfère ici au temps de la communion plénière avec Lui où la seule certitude de sa présence fera cesser les interrogations inquiètes.

Ici, tout s’éclaire : l’Esprit Saint a réussi sa mission, il a guidé les disciples vers la Vérité tout entière, il les a fait passer de la tristesse de la séparation à la joie de la présence du Christ glorieux.

On peut comprendre maintenant la parole énigmatique du verset 16 où Jésus disait : « Un moment, et vous ne me verrez plus, puis encore un moment et vous me verrez ». Jésus veut nous introduire dans le Mystère de sa mort et de sa résurrection, de sa présence pascale. Le Christ glorieux est présent à nous pour toujours, mais c’est un « voir » que ne donnent pas les yeux de chair, c’est un « voir » que donne l’Esprit.

 

 

Jn 16, 23b-33

23 Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. 24 Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite.

25 En disant cela, je vous ai parlé en images. L’heure vient où je vous parlerai sans images, et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père. 26 Ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; or, je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous, 27 car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. 28 Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. »

29 Ses disciples lui disent : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. 30 Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge: voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »

31 Jésus leur répondit : « Maintenant vous croyez ! 32 Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. 33 Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. »

 

Le thème traité ici par le Seigneur est celui de la prière que le Père exauce lorsqu’elle est demandée au nom de Jésus :

« Le Père vous donnera ce que vous demandez en mon nom » (v. 23) ; « Vous n’avez rien demandé au Père en mon nom » (v. 24). « En mon nom » signifie ici dans la foi au Christ.

Prier le Père au nom du Fils, c’est prier le Père en tant que l’on est disciple de Jésus, en tant qu’on le reconnaît, dans la foi, Fils de Dieu. Le Père aime les disciples unis à Jésus par la foi.

En retournant chez le Père, Jésus regagne sa vraie place, mais les disciples ne comprennent pas vraiment les paroles de Jésus car ils n’ont pas saisi leur caractère pascal, au-delà de la mort. Pour que nous comprenions Jésus, nous avons besoin qu’il remonte auprès du Père et qu’il nous envoie son Esprit pour que nous le découvrions vivants au milieu de nous et en nous. Le courage que Jésus attend de nous est justifié par ce cri qui termine le chapitre 16 : « Moi, je suis vainqueur du monde ». Si nous y croyons vraiment, si nous accueillons le don de l’Esprit qui nous ouvrira le cœur, l’intelligence du cœur, et les yeux du cœur, alors nos tristesses et celles de nos frères se transformeront en joie, car nous vivrons en sa présence, en présence du Christ pascal, du Christ ressuscité.